Lectures récentes

Pour donner un peu plus de place aux conseils de lecture, j'ai créé une catégorie "Livres".
Et pour distinguer les grands anciens qui hantent la bibliothèque idéale... d'oeuvres plus récentes (ou plus controversées) j'ai ouvert ce sujet.

Et je commence par les Salauds Gentilhommes !



Un mélange plutôt jubilatoire entre Gagner la Guerre et Arsène Lupin, pouvant rappeler une fois le livre refermé le Cycle des Epées.

L'histoire d'une bande d'arnaqueurs dans un univers de fantasy un peu branchouille, une sorte de renaissance italienne assez sombre truffées de fripouilles, comploteurs, assassins, alchimistes et magiciens... ça me dit quelque chose ! Le style alerte de l'auteur, qui n'a pas trop perdu à la traduction, le distingue cependant d'une concurrence plus âpre et rugueuse, disons-le. Léger, prenant, avec une vraie fin pour ce premier tome - même si la bande en question montera a priori un nouveau coup dans le second tome, tout en devant gérer les ennemis accumulés jusque là.
La narration joue un peu avec la linéarité, des interludes racontent l'apprentissage des personnages tout en permettant de découvrir le monde de manière agréable. Petit coup de coeur pour le bref passage de Jean (le costaud de la bande) dans le clergé de la déesse de la mort, très amusant. Des fausses pistes permettent également de titiller les nerfs du lecteur.

Beaucoup d'action et d'humour, beaucoup de morts aussi ! Un bon moment de lecture, en tout cas.

J'hésite à classer celui-ci dans la Bibliothèque idéale... mais je suis en train de lire le deuxième tome, on va donc se contenter des lectures récentes pour commencer.



L'histoire d'une bande de voleurs dans un univers de dark fantasy urbaine... Non ! Revenez ! Aucun rapport avec le livre précédent. Beaucoup plus de magie, dans celui-là, et les héros sont davantage des rebelles à la Robin des bois que des Arsènes Lupins. Enfin, Robin des bois, le Robin de Gotham plutôt.

Car oui, avouons-le : les magiciens de cet univers sont traitées presque comme des super-héros urbains, genre Daredevil. Leurs pouvoirs magiques sont limités, fatigants et consomment certaines ressources... mais font référence de manière habile à des poncifs des comics : magnétisme, sens accrus, force augmentée, etc. Difficile d'en dire plus dans dévoiler trop de l'intrigue... Celle-ci est très classique, un groupe de héros contre un empereur maléfique et surpuissant, quelque part entre Raspoutine et Palpatine. Mais la valeur ajoutée reste considérable : le cadre urbain, le traitement réaliste de la rébellion, l'originalité et la cohérence de la magie, ainsi qu'un goût assumé pour le grand spectacle emportent le morceau. La qualité de l'écriture ne gâte rien.

Je confirme au passage : contrairement à Gagner la Guerre, la Compagnie Noire ou les Salauds Gentilhommes, les héros sont bien des magiciens, notamment deux "fils des brumes" - possédant tous les pouvoirs d'une certaine source de magie. Cette perspective est assez osée : à part dans Harry Potter et dans certains bouquins de Vance, les héros de fantasy sont rarement des magiciens.

Point positif pour Christophe : il n'y a pas de justaucorps chamarré. Disons que la magie peut faire penser à deux ou trois fruits du démons...

Point positif pour les autres : il s'agit d'une trilogie. Une suite est en cours d'écriture, avec des personnages différents et quelques siècles de plus... avec une authentique orientation western, paraît-il.

Merci! celui de scott lynch me branche bien, l'autre un peu moins.

Belle initiative Fred.
Je vous poste ce que j'ai lu ces 3 derniers mois (pas grand chose, c'est compliqué en ce moment... ^^).


Perdido Street Station (2 volumes) de China Miéville.
Une histoire dans une cité imaginaire, tentaculaire et pourrie, dans un compromis entre SF, steampunk et fantasy. Les personnages ne sont pas des héros mais juste des "humains" (disons plutôt êtres vivants) coincés dans une histoire qui les dépasse.
C'est assez long à se mettre en place mais j'ai été très pris par l'histoire, avec une réelle envie de savoir comment ça va terminer.
Le commentaire d'actusf pour le 1er volume qui colle assez à ce que je pense. Attention, ne pas lire le 4e de couverture du 2e tome avant d'avoir terminé le premier.

A lire si : vous aimez les ambiance urbaines, les "antihéros", un univers original et être dépaysé.
A ne pas lire si : vous n'aimez pas les intrigues longues à se mettre en place, certains deus ex machina.

Le châtiment des flèches, de Fabien Clavel (un volume).

Une épopée racontant la fondation de la Hongrie. Cela ressemble en partie à un roman historique, teinté (parfois beaucoup) de fantasy. C'est assez violent, comme peut l'être l'Europe de l'an mil. L'exercice de style est réussi, d'autant plus que le choix d'intégrer de la fantasy apporte un réel plus, servant le propos du roman. Si je dois faire un parallèle, ça ressemble un peu au Roi d’août de Pagel, déjà cité par Fred, le sang en plus.
La critique sur le Le cafard cosmique.

Vous aimerez si : vous aimez un minimum les romans historiques, l'Europe Mythique, vous être nostalgiques de la Transylvanie de Dark Ages.
Vous n'aimerez pas si : vous n'aimez pas les intrigues simples (voire simplistes), les fresques historiques.

Hop, d'autres livres récents quand j'ai le temps.

J'en ai un peu causé avec Fred samedi... :







Je sais que ce n'est pas très vendeur, mais c'est un peu la rencontre de Lance Dragon et du Trône de Fer.
L'ensemble est bien écrit, avec un nombre raisonnable de personnages et d'intrigues. Point de digression ou de délayage. L'auteur décrit très peu, préférant se concentrer sur son intrigue et les motivations des personnages. Je laisserai Fred parler éventuellement des descriptions .
J'ai beaucoup aimé la cohérence de l'univers, partant d'une idée simple : que se passe-t-il si les dragons sont domestiqués ? Le tout est servi par une belle brochette de personnages, qui ont tous leurs défauts (et c'est un doux euphémisme).

J'en recommande chaudement la lecture !

C'est pas mal du tout.

Il faut le reconnaître : le manque de description nuit à la compréhension des scènes d'escarmouches au sol, surtout dans le 1er tome. Et les personnages paraissent de prime abord plutôt antipathiques. Ces deux partis pris de l'auteur peuvent donc déstabiliser. Mais la qualité de l'ensemble mérite vraiment que l'on poursuive la lecture. L'oeuvre ne manque pas d'attraits : sexe, violence, trahison, vengeance. Et dragons !  La cohérence de l'univers, surtout, est remarquable.

... par contre, ça finit un peu en queue de dragon ! Je reste sur ma faim. Ok, il y a des morts, mais les révélations elles sont où ? Si c'était pour finir ainsi, deux tomes suffisaient.

Personnellement, ça me m'a pas gêne. L'intrigue qui m'intéressait le plus se termine. Par contre, il reste des choses en suspend mais je pense qu'on peut reprendre la lecture des tomes suivants sans trop de difficultés (il reste peu de personnages au final).

Tu m'avais promis des révélations, scélérat ! Sur l'air de "je n'ai pas pu m'arrêter de lire les 200 dernières pages, tellement les révélations se succédaient". Et elles sont où ?  Et elles sont où ?  Hervé miaou ?!

Au Voleur !

[ attention, spoilers ]

Si le rythme est trépidant, les répétitions aussi. Ok, les hommes sont insignifiants face aux dragons, on peut lire leurs aventures pendant des centaines de pages pour qu'ils soient tués, pouf, comme ça, d'un revers de griffe par un gros reptile plutôt stupide. Soit. Mais au bout d'un moment cela devient prévisible. Et je déteste, quand c'est prévisible.

Les découvertes de certains secrets font l'effet de ballons qui se dégonflent. Les alchimistes et leurs potions ?  Bah, ils mettent du sang dedans, tout le monde l'avait vu venir. La lance, cet artefact antique à la puissance oubliée, mais qui terrifie les dragons et obsède de mystérieux sorciers ?  Ben, c'est une arme +1 qui pétrifie les dragons. Au toucher. Pas mal. Mais quand on fait face à plusieurs dragons en même temps ?  Bof.  

Certes, le monde est cohérent, mais le récit en lui-même ?  
Un coup le dragon banc va secourir un personnage, alors qu'il est censé se trouver à l'autre bout du continent. Un coup, non. Pourquoi ?  Ha, bah, c'est un dragon. C'est capricieux ces bestioles. Ouais, ça valait le coup, hein, de vous soûler avec des dizaines de pages avec les relations compliquées entre le dragon et ledit personnage ?  Hein ?  
Et on va dire que la faculté du dragon blanc à se téléporter, comme ça, c'est un clin d'oeil foireux aux Dragons de Pern. Hop, emballé c'est pesé !
Tant qu'on y est, quand il se téléporte, il guérit de l'empoisonnement, aussi. Ben ouais, on explique plusieurs contradictions en une seule fois, comme ça !  Top !
Idem pour les les mystérieux hommes d'argent. Un coup ils tuent un dragon à distance, comme ça, d'un simple regard. Cool. Un coup ils se font buter par un dragonneau sorti de l'oeuf. Naze. Bien sûr, ils restent très très mystérieux, comme ça !
Et puis, tout le monde qui se retrouve par hasard sur une plage autour de cette fichue lance, qui au final sert pas à grand chose, c'était un hommage au grand guignol ?  Ou ce personnage, habillé en écuyer-dragon, qui se fait lapider plusieurs fois à cause de ça mais qui change jamais de tenue ?  Il faut dire que les gens autour s'en rendent compte que quand ça arrange l'auteur. Enfin, le gaillard n'est pas très intelligent, mais quand même : on n'est pas dans "Gagner la guerre" !

Purée, l'odieux connard pourrait s'en donner à coeur joie !


[ attention, fin des spoilers ]

Bref. Qui aime bien châtie bien.

Je comprends que le pitch, efficace et qui tient ses promesses, t'ait plu. Et que, par déformation professionnelle, tu accordes une certaine importance à la cohérence géopolitique. Globalement, la trilogie reste remarquable sur ces deux plans.

Mais je trouve sincèrement ce troisième tome inférieur aux deux précédents, mieux construits malgré des longueurs. L'impression que l'auteur sait où il va, mais pas comment y aller, finit par prédominer.

Je suppose que si j'avais considéré ce tome comme une fin provisoire dans une série de longue haleine, disons une demi-douzaine de tomes, la frustration serait moindre. Tel quel, le récit reste plus rapide et rythmé que le trône de fer... mais la multiplication des points de vue n'est que tardivement résorbée par le massacre des protagonistes. Les révélations promises n'arrivent pas. Le trône de fer n'est pas si loin, dans ses plus mauvais aspects !  L'auteur aurait dû choisir : une trilogie sans suite ou un long feuilleton à rebondissements.

Un avis mitigé donc. Le 4ème tome viendra peut-être redresser la barre.

David Gemmell, à son meilleur.
Que dire de plus ?
Un livre qui se suffit à lui-même.
Le souffle épique.
La rédemption, à l'échelle de tout un peuple.
Face à la décadence ou l'apocalypse... Le choix. La charge.

Et surtout, un personnage unique.
Chaotique, Psychotique, mais tellement attachant ! Vous l'adorerez !

Là tout de suite, ça donne vachement plus envie. ^^