Heaven Harbor occupe une presqu’île, une avancée rocheuse dans l’océan Pacifique sur la berge nord de la Sio River. La baie formée par l’embouchure
de la rivière est protégée de la houle par une série de tombolos, des bancs de sable naturels, et cette protection en fait un cadre idéal pour un site portuaire. La ville s’étend à présent sur les deux rives de la Sio River, mais Heaven Harbor au sens propre ne concerne que la presqu’île. C’est une zone très vallonnée, formée de plusieurs collines naturelles qui forment l’ossature de la cité. Vers l’est, à l’intérieur des terres, le paysage s’évase et s’aplanit, s’ouvrant sur la Grande Vallée, chaque jour plus urbanisée. Plusieurs îles émaillent la côte, les deux plus grandes étant Lucky Island et Santa Esperanza.
Downtown, c’est le cœur d’Heaven Harbor. La plupart du temps, quand un gars du coin vous parle d’Harbor, il sous-entend Downtown. Elle occupe la rive est de Sio River, tout le sud de la péninsule jusqu’à l’océan. C’est une zone totalement urbanisée, si l’on excepte quelques parcs. Ça vous dit, une petite balade ?
Commençons par City Hall. Après tout, c’est sans doute là que vous débarquerez, dans la magnifique Grand Central Station, l’une des fiertés de la cité. City Hall est le centre des institutions politiques d’Heaven Harbor : c’est donc aussi le centre de la corruption organisée qui dévore la ville de l’intérieur. C’est le quartier des grands bâtiments officiels comme le City Hall lui-même, le palais de justice, le commissariat central ou le Federal Building. On y trouve également l’imposante Public Library et le Saint John’s Hospital, aux larges murs noircis. Independance Park est une vaste zone arborée. Depuis son coin sud, on dispose d’une vue magnifique sur l’océan.
Financial District est le cœur économique et commercial de la ville, là où se dressent les plus grands buildings d’Harbor : le Blaxo Hall, le Roster’s ou le Bergson’s Building. Le cave en visite ne manquera pas de déambuler sur le Strand, la plus célèbre avenue d’Harbor, où s’alignent boutiques et hôtels de luxe, restaurants et théâtres. Tout Financial District est une ode au pognon, à la manière de l’accumuler et à la façon de le claquer avec classe.
Moins connue est Natividad, pourtant le véritable cœur historique de la ville, au style espagnol. C’est un drôle de coin, tiraillé entre les mouvements de préservation des associations historiques et l’afflux de population hispanique paupérisée. On peut y voir la Mission reconstituée, visiter les halles couvertes, l’Hacienda et quelques façades typiques. On peut aussi aller tirer sa crampe dans les bordels les moins chers et les plus sales d’Harbor, dans la Calle de las Putas.
Carnelly Hill est un joli quartier escarpé aux maisons victoriennes vieillottes. L’endroit a longtemps accueilli les émigrants européens, principalement russes et polonais, qui s’entassaient à douze dans une chambre. C’est aujourd’hui un coin à la mode, peuplé d’artistes, d’écrivains, de journalistes... On y baise entre intellos et la came n’est pas ici un vice, mais un art de vivre. La dernière ligne de cable-cars d’Heaven Harbor grimpe le long de Carnelly Hill.
Chinatown est l’un des plus anciens quartiers chinois du pays, un des plus grands aussi. Les restaurants à nouilles et les laveries camouflent les entreprises moins nobles des habitants. Mais vous n’en entendrez pas parler : ici tout est propre et policé. C’est ce que j’aime à Chinatown : on lave son linge sale en famille et on se découpe entre chinois sans faire de vagues.
À Little Italy aussi on aime le business en famille. Le coin s’appelle normalement Rocket Point mais vu la concentration de trattorias au mètre carré, plus personne n’emploie ce nom depuis bien longtemps. Comme Chinatown, le coin est pittoresque pour le touriste, tranquille pour le flic pas trop regardant et dangereux pour l’imbécile qui veut jouer à l’affranchi sans recommandation.
Paddy Hill est l’un des quartiers les plus populaires d’Heaven Harbor et il est traditionnellement occupé par la communauté irlandaise. Ici, tous les fils de famille sont flics… ou pompiers s’ils ont mal tourné.
Hook Quarter, mon quartier d’origine, le plus vieux quartier anglo d’Heaven Harbor, descend jusqu’à l’océan et se voit prolongé par la Marina. C’est un coin triste et délabré, aux maisons usées et branlantes, qui ne s’est jamais vraiment relevé de l’incendie de 1908. Il abrite une population d’ouvriers pauvres, travailleurs mais misérables.
Remington Heights est le lieu de résidence des riches et des puissants. Sur la jolie colline s’alignent les grandes et belles demeures victoriennes, les pelouses bien tondues et les voitures de prestige. Ici les policiers sont polis et prévenants, mais seulement si vous êtes résident. Le crime n’est pas absent, il est juste mieux caché. Les sages façades camouflent tout ce que l’argent peut offrir de perversions.
University District abrite les prestigieux établissements de savoir d’Heaven Harbor. Les campus sont propres et calmes, les parcs nombreux, l’automne y sent toujours bon. De temps en temps, on y ramasse un jeune en pleine overdose, victime du shoot de trop. Ou bien l’on croise une petite pépée qui paie ses études en écartant les jambes. L’insouciance de la jeunesse…
Aisbury Park abrite le plus important ghetto noir d’Heaven Harbor. Dans ses immeubles de briques rouges noircis de crasse, violence et désespoir menacent chaque jour de faire sauter la marmite. Les jeunes gars du coin ont bien pigé que le rêve américain n’était pas pour eux, ou alors qu’il faudrait le gagner à la pointe d’une lame ou d’un flingue. Aisbury Park reste malgré tout l’endroit le plus swinguant d’Harbor pour qui apprécie le jazz.
Forbidden City : le meilleur pour la fin, l’enclave que l’Amérique entière nous envie. Depuis le Jour des Cendres, c’est le ghetto des non-humains, les cornus. Forbidden City traîne la réputation d’être à la fois le lieu le plus dangereux et le plus couru d’Harbor. Les putes du Red Light District seraient les plus douées de la ville, la came y serait meilleure qu’ailleurs et même le jazz serait plus intense. Le premier bouseux venu de Ploucville veut faire un tour dans la Forbidden City. Il y laisse parfois plus que son portefeuille.
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Reprends donc un oréo, Guy.
Black Canary.