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 L'Europe de l'Est Hermétique

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MessageSujet: L'Europe de l'Est Hermétique   L'Europe de l'Est Hermétique Icon_minitimeSam 25 Mar - 14:12

Les Tribunaux

L'Europe de l'Est est partagée entre quatre Tribunaux.

Le (toujours) puissant et (encore) respecté Tribunal du Rhin, berceau de l'Ordre d'Hermès : en 767, les douze fondateurs se sont réunis dans une ancienne ruine mercurienne de la Forêt-Noire, où s'était installé Bonisagus, pour jurer fidélité au nouvel Ordre d’Hermès. Il est toujours un centre d'activité hermétique et politique, même s'il est parfois accusé de corruption (ou d'agression par son voisin de l'Est).

L'immense Tribunal de Novgorod dont les terres froides et sauvages, censées regorger de réserves de vis intactes, attirent de plus en plus de mages (à leurs risques et périls).

Le Tribunal de Transylvanie, en pleine croissance (grâce à la faiblesse du Dominion dans une grande partie de la région) et dominé par la Maison Tremere (qui se veut maintenant exemplaire).

Le Tribunal des Grandes Alpes, le cœur de l'ordre, fièrement ancré dans les traditions romaines, qui maintient la paix sur son territoire en limitant intentionnellement le nombre de mages.

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Si certains noms apparaissent en blanc, c'est juste par souci de lisibilité.

En rouge, figure les frontières simplifiées mais officielles des Tribunaux, d'après le dernier Grand Tribunal.
Sur la plupart des cartes disponibles, le Tribunal du Rhin s'étend plus loin à l'Est. Celui-ci revendique en effet toutes les terres situées entre Danzig (Gdańsk en polonais, Dantzig en français) et Krakau (Kraków en polonais, Cracovie en français) y compris l'alliance polonaise de Leczyca, héritière de l'ancienne alliance de Grande Silésie. Toutefois, le dernier Grand Tribunal lui a seulement accordé les terres autour du chapitre de Lusatia.
Au sud, la frontière qui sépare le Tribunal du Rhin et le Tribunal des Grandes Alpes suit à peu près le Danube.

Qu'est-ce qu'un Chapitre ?

Fengheld, l’une des plus puissantes alliances du Tribunal du Rhin, a été fondée au milieu du XIe siècle par des vétérans de la guerre du schisme appartenant aux maisons Tremeres et Flambeau. Alors que son site principal devenait surpeuplé, Fengheld a tenté de parrainer des alliances « filles » peuplées de jeunes mages Tremere, mais le Tribunal l’en a empêché. Au lieu de cela, les mages de Fengheld ont eu recours à la fondation de Chapitres, copiant les pratiques courantes du Tribunal des Grandes Alpes et le citant comme précédent, estimant qu'ils disposaient d'une puissance martiale suffisante pour défendre plusieurs sites.

Profitant de la paix, de nombreuses alliances des Grandes Alpes disposent en effet de bâtiments de moindre importance, généralement près de ressources importantes, qui se trouvent à une certaine distance du site principal de l'alliance. Ces possessions sont appelées « propriétés » si aucun mage n'y habite et « chapitres » si c'est le cas. Les mages habitent dans des chapitres pour diverses raisons. Certains chapitres disposent d’une aura très élevée, les mages y séjournent temporairement pour leurs études. Les ressources de la zone doivent parfois être protégées des fées et des mondains. Enfin, certains mages préfèrent tout simplement les logements d'un chapitre aux fortifications du site principal et demandent l’autorisation d’y résider en permanence. Ce système des chapitres permet au Tribunal des Grandes Alpes de développer ses ressources sans pour autant autoriser de nouvelles alliances.

Aujourd’hui, l’ambitieuse Fengheld reste la seule alliance du Rhin à avoir fondé des Chapitres, six au total. Le plus éloigné est situé dans le Tribunal de Normandie, à Cherbourg. Le plus important se trouve en Bohême, au sud des Monts Métallifères, dans la ville de Most. Le plus connu reste celui de Lusatia, où ne réside pourtant qu'un mage de la maison Bjornaer à la réputation exécrable - mais c'est 'existence de ce chapitre qui a permis l'extension, certes très limitée, du Tribunal du Rhin au détriment du Tribunal de Novgorod.


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MessageSujet: Re: L'Europe de l'Est Hermétique   L'Europe de l'Est Hermétique Icon_minitimeJeu 20 Juil - 13:30

Le contexte historique : l'Ostsiedlung

La colonisation germanique de l'Europe orientale (Ostsiedlung) est l'expansion migratoire vers l'est de l'Europe centrale, des populations de langue allemande, survenue au cours du Moyen Âge.
L’Ostsiedlung débute quand les Germains commencent à s'installer à l'est des fleuves de l'Elbe et de la Saale, territoires peuplés depuis le VIIe siècle par des populations slaves. Sur ces territoires, les structures politiques motrices sont, notamment à partir de la « bulle d'or de Rimini », le Saint-Empire romain germanique et l'ordre Teutonique.
La zone colonisée s'étend à peu près de la Slovénie, de la Styrie et de la Carinthie vers le nord-est atteignant la Poméranie, la Lusace, la Bohême-Moravie, la Pologne et les Pays baltes, ainsi que vers l'est atteignant la Hongrie (notamment la Haute-Hongrie, actuelle Slovaquie) et la Transylvanie. L'Ostsiedlung reprend ainsi approximativement la majeure partie de l'ancienne Germania Magna de l'Antiquité.

Expansion guerrière

Dans un premier temps, les « Wendes » (Slaves occidentaux) sont anéantis ou assimilés par un flot de migrants germaniques. Au XIIe siècle, l'affaiblissement du royaume de Pologne et des états tchèques permet la création des marches, des districts militaires frontaliers, par exemple au Brandebourg et au Mecklembourg.

Lothaire III (1125-1137) obtient la soumission des princes abodrites poméraniens. Il réorganise les marches de l'est et place Adolphe Ier de Schauenbourg à la tête du Hostein et de la marche de l'est saxonne. Les Slaves sont régulièrement battus, comme Jaxa de Copnic dans la Marche de Brandebourg en 1157. Des moines-soldats, les chevaliers Teutoniques, entrent en Transylvanie menés par leur Grand Maître Hermann von Salza. Ils soumettent les Coumans et les Valaques, assurent la souveraineté hongroise sur ce pays et ouvrent la voie à la colonisation par des Saxons. Puis ils conquièrent d'immenses domaines à l'Est de la mer Baltique, exterminant les derniers Lituaniens païens et militarisant la frontière prusso-polonaise.

Expansion pacifique

La colonisation allemande a pu être demandée par des souverains tchèques, hongrois, polonais ou ruthènes, afin d'organiser politiquement, de christianiser et de mieux exploiter économiquement (notamment dans le domaine minier et forestier) des régions frontalières aux populations mal contrôlées. C'est l'origine de communautés germaniques spécialisées comme les Allemands des Carpates mineurs, bûcherons et bâtisseurs de fortins et de forteresses, ou comme les barons germano-Baltes, auxquelles il faut ajouter les confréries de moines germanophones bénédictins ou cisterciens, prieurs mais aussi défricheurs, constructeurs et enseignants. Tous ces colons laïcs ou religieux introduisirent en Europe centrale et orientale le code médiéval des lois germaniques dit « Miroir des Saxons ». Les églises fortifiées de Transylvanie sont un témoignage de cette expansion.

L'Europe de l'Est Hermétique 590px-Sachsenspiegel-Ostsiedlung

En Bohême-Moravie

Le royaume de Bohême-Moravie, créé par la dynastie des Přemyslides au XIIe siècle à partir du duché de Bohême, a été parmi les premiers pays d'Europe à s'industrialiser. L'extraction de l'étain et de l'argent a commencé dans les monts Métallifères au début du XIIe siècle. Pour le développement industriel du royaume tchèque, les colons allemands ont joué un rôle énorme. À la fin du XIIe et au XIIIe siècle, les dirigeants Přemyslides ont encouragé l'Ostsiedlung. Certaines de leurs terres ont ainsi accueilli des colons allemands venus des terres adjacentes de Bavière, de Franconie, de Haute-Saxe et d'Autriche.

Les nouveaux colons ont non seulement apporté avec eux leurs coutumes et leur langue, mais aussi de nouvelles compétences techniques et des équipements qui ont été adaptés en quelques décennies, notamment dans l'agriculture et l'artisanat. En Silésie, au début du XIe siècle, ils ont fait doubler la superficie de terrains cultivées (16 % de la superficie totale de la région). Dans le sillage de l'Ostsiedlung, trois innovations vont considérablement augmenter les rendements agricoles, chacune en entraînant une autre. Les colons allemands ont apporté la charrue lourde en fer, qui remplace la charrue à crochet en bois et se généralise en Bohême au XIIIe siècle. Les progrès du labourage permettent de développer l'assolement triennal. Seulement un tiers de la surface exploitée est chaque année laissée en jachère, au lieu de la moitié. Un tiers de la surface exploitée est consacré aux céréales d'été, comme l’avoine, ce qui facilite l’élevage des chevaux. Avec l’aide du harnais nouvellement inventé, les chevaux remplacent naturellement les bœufs comme animaux de trait, parce qu’ils pouvaient tirer des charrues plus lourdes et travailler plus vite, augmentant encore le rendement. Grâce à ces trois progrès (nouvelle charrue, assolement triennal, chevaux comme animaux de trait), la population augmente.

En Bohême proprement dite, les allemands se sont installés principalement dans les collines et les montagnes et ont commencé les travaux miniers et l'industrie de haute qualité comme la métallurgie, l'industrie de l'armement et la fabrication de la bière. La production de verre était une industrie importante pour les Bohémiens allemands.

_________________
L'art de l'imposition consiste à plumer l'oie
pour obtenir le plus possible de plumes
avant d'obtenir le moins possible de cris.


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MessageSujet: Re: L'Europe de l'Est Hermétique   L'Europe de l'Est Hermétique Icon_minitimeJeu 20 Juil - 15:48

La Bohême

Depuis le VIIIe siècle, l'histoire de la Bohême rejoint celle de la dynastie des Prémyslides, illustre famille slave.

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Le mythe

Trois frères ont fondé les peuples slaves : Čech, Lech et Rus. Ils ont entrepris un voyage épique avec leurs tribus pour trouver de nouvelles terres pour y vivre. En atteignant le Dniepr, Rus proclama qu'il avait trouvé un territoire convenable et il s'y installa avec sa tribu, les Russes. Les deux autres frères continuèrent à parcourir de nombreux milles. En grimpant au sommet de la colline de Rip, Čech aperçut une terre riche, débordante de lait et de miel. Sa tribu, les Tchèques, s'installa là, en Bohême. Le dernier frère, Lech, continua et s'installa en Pologne.

Čech régna sur les tchèques. Ceux-ci commencèrent à labourer les champs, à créer des villages et à vivre en clans. Après 30 ans de vie heureuse dans ce pays, Čech, âgé de 86 ans, mourut. Tous le pleurèrent. Il fut immolé et l'emplacement de son bûcher devint sacré.

Le second chef des tchèques fut Krok, le chef d'un puissant clan. Sur la tombe de Čech, il reçut le bâton de son prédécesseur ainsi que sa toque. Il s'installa à Budeč, une forteresse bâtie sur une colline. Krok était versé dans la sorcellerie. Il consulta les dieux. Il apprit qu'il devait trouver un endroit plus sûr pour résider. Il envoya donc des éclaireurs à travers le pays. Ils trouvèrent un site sur la rive droite de la Vltava, au cœur d'une épaisse forêt.
Le château construit sur ces rochers reçut le nom de Vyšehrad, c'est-à-dire « le haut château ».

Krok eut trois filles. L’aînée, Kazi, était herboriste et guérisseuse. Teta, la cadette, à la fois prêtresse et magicienne, parlait aux esprits comme aux dieux. Libuše, la plus jeune et la plus sage, pouvait voyager dans l’Autre Monde, d’où elle revenait avec des visions de l’avenir et des réponses pour les personnes dans le besoin. Avant de mourir, Krok choisit sa troisième fille comme successeur.

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Libuše guida son peuple avec succès grâce à la justesse de ses prophéties, l’aide de ses deux sœurs et le soutien d’une armée de femmes sous le commandement de sa meilleure amie, l’Amazone Vlasta. Elle fonda la ville de Prague, une lieue au nord du château de son père, ayant prédit qu'à cet endroit, alors désert, s'élèverait une ville dont le rayonnement et la gloire dépasserait les frontières du pays. Sous son règne, les tchèques commencèrent à exploiter les riches montagnes de Bohême. On dit qu'elle rendait la justice sous un tilleul. Bien qu'elle se soit avérée un chef avisé, les hommes de la tribu ne supportait pas d'être sous les ordres d'une femme. Ils demandèrent à Libuše de choisir un prince pour le peuple. En 721, elle annonça au conseil des anciens qu’elle épouserait l’homme à qui son cheval conduirait. Elle désigna ainsi Přemysl, un laboureur du village de Stadice. On enleva Přemysl à sa charrue et on l'amena au palais. Přemysl devint alors le chef des tchèques, Libuše l'épousa et donna naissance à Nezamysl, inaugurant la dynastie des Přemyslides.

Du vivant de Libuše, les femmes de Bohême vivaient comme des Amazones, choisissant leurs propres chefs, portant les mêmes vêtements que les hommes, chassant dans les forêts et choisissant leurs propres maris. Après la mort de son amie, Vlasta rejeta l’autorité grandissante des hommes et conduisit son armée de femmes au sud-est, où elle fonda Děvín (le château de la Vierge) à la confluence entre la rivière Morava et le Danube (aujourd’hui la ville hongroise de Pozsony, Prešpurk en tchèque ou Pressburg en allemand, non loin du tripoint entre les frontières des trois Tribunaux d’Europe de l’Est). Les hommes, malgré les avertissements de Přemysl, rirent de sa prétention. Menés par Ctirad, un fougueux chef de clan, un bataillon s’en alla défier Vlasta sur ses terres. La cheffe des femmes envoya alors Šárka, sa lieutenante et la plus belle ses guerrières. Celle-ci piégea Ctirad en s'attachant à un arbre, affirmant que les femmes rebelles l'avaient laissée là et mis une corne et une cruche d'hydromel hors de portée pour se moquer d'elle. Ctirad, sous le charme, cru son histoire et la détacha de l'arbre. Pour les remercier, Šárka versa de l’hydromel à Ctirad et à ses hommes. Elle y avait versé une potion de sommeil. Quand ils furent tous endormis, Šárka souffla dans la corne pour prévenir ses alliées, qui sortirent de leurs cachettes et de se joignirent à elle pour massacrer les hommes. Ctirad fut capturé puis torturé à mort à Děvín. Lorsque les hommes de Vyšehrad apprirent cela, ils se mirent en colère et commencèrent à capturer et à battre des femmes sur la route de Děvín. Vlasta répondit en attaquant Prague, obligeant Přemysl à la combattre. Le veuf de Libuše la tua en combat singulier. L’armée de Vlasta fut vaincue et son château brûlé. Ainsi pris fin le règne des femmes.

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Nezamysl succèda à son père en 745. Ses successeurs, païens comme lui, furent Mnata, Vojen, Vnislav, Křesomysl, Neklan et Hostivít. Toutefois, après avoir été vaincus par les francs, ils perdirent la primauté sur les autres clans tchèques. Leur domaine s’est peu à peu réduit aux alentours de la forteresse de Levý Hradec, située à dix kilomètres au nord-ouest de Prague.

Création du duché de Bohême

En 805, Vojen, qui vient de succéder à son père Mnata, le petit-fils de Přemysl et de Libuše, est défait par Charlemagne. Les francs envahissent la Bohême. La déchéance des Přemyslides profite aux clans slaves restés indépendants, à l’est, qui forment de nouvelles principautés, dont la Moravie.

Après la mort de Charlemagne, l'empire Franc s'effrite. Les clans de Bohême changent alors de maître : ils passent sous l'influence du royaume Morave. En 833, après avoir envahi la principauté de Nitra, les Moraves ont en effet fondé l'un des plus puissants royaumes slaves. Dans les années 870, à son apogée, il inclut la Lusace, la Bohême, la Silésie, la Moravie, la Petite-Pologne, la Slovaquie, la Pannonie et la Galicie. Les Prémyslides ne sont plus que les vassaux des empereurs moraves.

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Le royaume Morave maintient son indépendance entre Francs à l’ouest et Bulgares à l’est. Les populations sont christianisées sous la double influence de missionnaires allemands puis byzantins, notamment les deux frères Saint Cyril et Saint Methodius. Les invasions hongroises (menées par les Magyars originaires d'Asie centrale) vont cependant mettre fin à cet empire au tout début du Xe siècle.

Le duché de Bohême émerge à la fin du IXe siècle, entre l’apogée et l’effondrement de l'empire morave. En 872, le fils de Hostivít, Bořivoj, se distingue contre les Bavarois. En récompense pour ses hauts faits, Svatopluk Ier, le plus grand des empereurs Moraves, lui confie la Bohême centrale et la ville de Prague. Bořivoj Ier devient alors le premier véritable duc de Bohême. Une dizaine d’années plus tard, il se convertit au christianisme. Avec son épouse Ludmila, il est baptisé par Saint Methodius lui-même. À sa mort en 888, son fils aîné Spytihněv est encore un enfant et la Bohême revient sous la juridiction de la Grande-Moravie. En 894, Spytihněv profite toutefois de l’anarchie qui suit la mort de son suzerain Svatopluk Ier pour prendre le pouvoir et succéder à son père.

Profitant de la guerre entre les fils de Svatopluk Ier et des frontières naturelles de la Bohême, le duché prend son indépendance. Les fils de Bořivoj, Spytihněv et Vratislav, participent à la diète de Regensburg en juillet 895 et prêtent serment de fidélité à Arnulf, roi de Francie orientale.
Le dernier empereur morave, Mojmír II, est finalement tué au combat par les Hongrois. La Grande Moravie cesse d'exister en 907. La Bohême, à peine indépendante, connait beaucoup de tensions. Le nouveau roi de Francie orientale, à l'ouest, veut conquérir le duché, comme les Hongrois à l'est. À l'intérieur de la Bohême, d'autres familles nobles entrent en concurrence avec les Přemyslides, notamment les Slavnikides dont le fief grandit en Bohême orientale et les Vršovci qui restent fidèles à la religion païenne, comme certains Přemyslides.

L'histoire des premiers ducs de Bohême se mêle alors à celle de plusieurs saints.

Sainte Ludmila

La première duchesse de Bohême, Ludmila, avait été élevée dans la religion slave, paganisme riche en dieux divers. En 883, son époux Bořivoj Ier reçoit le baptême à la cour de Grande-Moravie, des mains de Saint Methodius, évêque de Sirmium. En fait, comme beaucoup de princes slaves, le duc de Bohême adopte les usages des deux grands foyers de « civilisation » : l’empire carolingien (à l'ouest de la Bohême) et l'empire romain d'orient (au sud). Il espère ainsi asseoir son autorité et nouer des alliances stratégiques avec ses puissants voisins.

Saint Methodius suit Bořivoj en Bohême et baptise Ludmila. Pour la duchesse, il ne s'agit pas d'un simple calcul politique, mais d'une véritable révélation. Touchée par la foi, elle fait construire de nombreuses églises.

Ludmila survit à son époux, décédé en 888, et à son premier fils Spytihněv en 915. Son autre fils Vratislav succède à son frère, selon les règles en vigueur dans les tribus slaves. Ludmila s'occupe de l'éducation de ses petits-enfants, les fils de Vratislav, Venceslas et Boleslav. Elle les élève dans la foi chrétienne. Vratislav meurt à son tour le 13 février 921, à l'âge de 33 ans, en défendant son royaume contre les Hongrois. Un conflit éclate alors entre Ludmila et sa belle-fille païenne, Drahomíra, qui s'est emparée de la régence. Drahomíra accuse Ludmila d'élever ses fils comme des moines et non comme des princes slaves. Le 15 septembre 921, au château-fort de Tetín, Ludmila est étranglée par deux mercenaires à la solde de sa belle-fille, qui utilisent pour ce faire le propre châle de la souveraine-douairière. Ce châle devient le symbole de son martyre.

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Saint Venceslas et Boleslav 1er « le Cruel »

En 935, le très chrétien duc de Bohême Venceslas 1er, qui a préféré verser un lourd tribut au roi Henri 1er de Germanie plutôt que de lui faire la guerre, est à son tour assassiné par son frère Boleslav, manipulé par sa mère païenne Drahomíra.

Trois ans après l'assassinat de Venceslas, Boleslav 1er se repent. Il propage la foi chrétienne et unifie le pays. Après une guerre de 14 ans, il doit à l'été 950 se reconnaître le vassal d'Otton 1er (l'héritier de Henri 1er), donnant ainsi raison à son défunt frère. À partir de la seconde moitié du Xe siècle, Venceslas est révéré comme un saint et devient même au XIe siècle le saint-patron du royaume : les monarques de Bohême se présenteront désormais comme les représentants temporels de Venceslas.

Boleslav 1er n'en est pas moins un des plus grands Přemyslides. Il parachève l'édification d'un État modernisé, inaugure la frappe monétaire du denier en 955 et transforme en taxe fixée en argent la contribution des habitants libres. Il fait construire de nombreux châteaux au nord et à l'ouest de Prague, qu'il confie à des administrateurs fidèles.
Le duc de Bohême participe le 10 août 955 à la bataille de Lechfeld aux côtés d'Othon 1er. Leur victoire met fin aux incursions hongroises. Boleslav profite de l'occasion pour étendre son duché : il fait main basse sur la Moravie, une partie de la Silésie et de la Petite-Pologne (incluant Cracovie) et même une fraction de la Slovaquie. Quant à la Bohême orientale, elle demeure aux mains des Slavnikides.

En 962, Othon 1er devient empereur. Le royaume de Francie orientale est remplacé par le Saint-Empire romain germanique.

En 965, Boleslav envoie sa deuxième fille, Mlada, à Rome pour prôner la formation du diocèse de Prague, séparé de celui de Regensburg (en Bavière). Après d'âpres négociations (l'évêque de Regensburg ne voulant pas renoncer aux revenus des églises tchèques) le premier évêque de Prague est nommé en 976. Mlada entre dans l'ordre de Saint Benoît, prend le nom religieux de Maria et fonde le premier couvent de bénédictines sur le territoire tchèque, au château de Prague près de la basilique Saint-Georges de Prague. Elle en devient la première abbesse et instaure le culte de Sainte Ludmila, son arrière grand-mère.

Boleslav II « le Pieux » et Saint Adalbert

Après la mort de l'empereur Otton Ier, Boleslav II « le Pieux » et son beau-frère Mieszko Ier de Pologne se rangent au côté d'Henri « le Querelleur », duc de Bavière, en guerre contre son cousin Otton II « le Roux ». Ils immobilisent les troupes impériales jusqu'en 976. L’alliance entre la Bohême et la Pologne commence toutefois à se déliter après le décès de la princesse Dubravka (sœur de Boleslav et épouse de Mieszko) en 977.

À la mort du premier évêque de Prague, le saxon Thietmar, l'évêché échoit en 983 au tchèque Vojtěch, baptisé sous le nom d'Adalbert. Ce nouvel évêque est le fils du duc Slavnik, chef de la puissante famille qui contrôle la région de Libice, à l'est de Prague. Avec l'aide de Boleslav II, Adalbert fonde le monastère de Břevnov, la seconde abbaye bénédictine du pays.

Boleslav II subit plusieurs défaites. Il tente de s'emparer de la Misnie (le margraviat de Meissen) mais doit reculer devant les forces d'Othon III du Saint-Empire (fils d'Othon II) en 985. Il doit ensuite céder à la puissance polonaise naissante (désormais alliée à Othon III) la Silésie et Cracovie, vers 990. Le duc slavnikide Sobeslav lui refuse son aide pour la reconquête des provinces perdues. Devant ce désaccord Adalbert et son frère Radzim Gaudenty quittent Prague avec l'intention de se rendre à Jérusalem. L'abbé du Mont-Cassin l'en dissuade et Adalbert entre en fin de compte à l'abbaye Saints Boniface et Alexis à Rome sur l'Aventin.

le duc de Bohême, qui a attaqué seul les Polonais, est battu. Il doit se réconcilier avec ses vassaux Slavniks : il rend l'évêché à Adalbert en 992. L'entente dure peu et en 995 Adalbert doit de nouveau quitter Prague. Il meurt finalement en martyr le 23 avril 997, en Prusse, en tentant d'évangéliser les Borusses païens. Il est inhumé à Gniezno, en Pologne, et canonisé dès 999.

Boleslav II, craignant que la défection des Slavniks entraîne la perte de la Moravie et de la Slovaquie, décide de se débarrasser des membres de cette famille. Le 28 septembre 995, profitant d'une campagne du prince Sobeslav et de son armée contre les Obodrites en Germanie, Boleslav II attaque par traîtrise Libice, leur fief, et massacre ses habitants dont les quatre fils du duc. Sobeslav prend la fuite et se réfugie en Pologne.

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Le duché de Bohême est en beige.

Cet acte terrible ne portera pas bonheur aux Přemyslides. Les fils de Boleslav II héritent d'un pays instable... qu'ils vont se disputer, entraînant de nombreuses interventions du Saint-Empire et du royaume de Pologne.

Les premiers rois de Bohême

Jusqu'au début du XIIe siècle, de nombreux conflits déchirent la dynastie des Prémyslides. Quand ils ne se battent pas entre eux, les Prémyslides trouvent sans mal d'autres motifs pour guerroyer : l'indépendance de la Bohême, la domination de la Moravie, la reconquête de la Silésie devenu une pomme de discorde entre la Bohême et la Pologne, etc. Ils doivent également prendre partie dans la rivalité croissante entre l'empereur et le pape.

Au début et à la fin du XIe siècle, les querelles de succession sont fréquentes et dégénèrent en guerre civile : certains ducs appliquent le droit d'aînesse, d'autres lui préfèrent le séniorat (ou ancienneté agnatique). Selon cette loi coutumière, appliquée par la plupart des dynasties slaves, la couronne doit aller au membre le plus âgé ou le plus compétent de la famille régnante. Elle favorise donc les frères du duc au détriment de ses enfants - provoquant souvent la révolte de ces derniers.

L'influence de la Bohême varie grandement au cours du XIe siècle. Quand le pays est miné par les guerres de succession, son importance sur la scène européenne est négligeable. Mais certains ducs rétablissent la situation et font de la Bohême une puissance à ne pas négliger.

Au milieu du XIe siècle, Brestislav Ier conquiert la moitié de la Pologne et ramène triomphalement à Prague les reliques de Saint Adalbert. Il échoue cependant à créer un grand royaume slave indépendant : l'empereur du Saint-Empire romain germanique Henri III « le Noir » oblige Brestislav à rendre ses conquêtes.
Leurs fils, le duc Vratislav II et l'empereur Henri IV, deviennent toutefois d'indéfectibles alliés. En remerciement de sa vaillance, Vratislav est le premier Prémyslide à être couronné « roi de Bohême » en 1085. Le titre n'est toutefois pas héréditaire. Vratilslav ramène l'ordre dans les margraviats de Meissen et de Lusace, où les tribus slaves se sont rebellées. Il convoitait ces provinces, mais Henri IV l'oblige à les rendre à des princes allemands. Déçu, Vratislav II ne fournira plus d'aide militaire à l'empereur. Les dernières années de son règne sont marquées par la reprise des querelles dynastiques.

Pendant son règne de 1125 à 1140, le duc Sobeslav Ier stabilise enfin la situation politique et les relations entre la Bohême et le Saint-Empire romain, qui prennent la forme de liens féodaux traditionnels. Son neveu Vladislav II, duc de Bohême à partir de 1140, est l'un des plus proches alliés de l'empereur Frédéric Barberousse et obtient à son tour le titre de « roi de Bohême » en 1158. Le titre n'est toujours pas héréditaire, le royaume ne sera définitivement institué qu'au début du XIIIe siècle.

Véritable naissance du royaume de Bohême

Né en 1160, le prince Přemysl Otokar arrive une première fois au pouvoir en 1192 et prend le nom d'Otokar 1er. Il est cependant déposé l'année suivante par une conspiration de nobles, pour ne pas avoir payé les sommes promises à la Diète impériale. Son cousin l'évêque de Prague devient duc sous le nom de Bretislav III Jindřich. Après la mort de celui-ci, Otokar est concurrencé par son jeune frère Vladislas III, élu duc en 1197. Le peuple se soulève à la fin de l'année en faveur d'Otokar. En décembre les armées des deux frères se font face... Mais à la surprise générale Otokar et Vladislas se réconcilient. Otokar redevient duc de Bohême et laisse la Moravie à Vladislas.

L'empereur du Saint Empire Henri VI « le Cruel », de la maison de Hohenstaufen, meurt en 1197 en laissant un fils mineur, Frédéric, âgé de seulement 3 ans. Tirant avantage des luttes pour la succession au titre impérial entre les partisans des Hohenstaufen (soutenant le frère d'Henri VI, Philippe de Souabe) et les Guelfes (soutenant Otton IV de de Brunswick), Otokar 1er se proclame roi en 1198. Il vote pour Philippe de Souabe et lui offre de combattre pour lui. Il obtient le 15 août 1198 de ce dernier, qui a besoin de soutien logistique pour sa conquête du trône, non seulement la confirmation de son titre royal mais aussi l'acceptation de son caractère héréditaire.

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Lorsque le pape Innocent III commence à soutenir le parti Guelfes et Otton IV, en 1202, Otokar change de camp et se voit couronné solennellement le 24 août 1203 à Mersebourg par le Légat Pontifical Guido. Mais l'invasion de la Bohême par Philippe de Souabe est couronnée de succès et ce dernier envisage de remplacer Otokar 1er par son parent Děpold III. La paix est conclue en 1204 et Otokar se voit contraint de soutenir à nouveau Philippe, de payer un lourd tribut de 7 000 marcs et de céder à son cousin Děpold le contrôle des régions de Čáslav, Chrudim et Vratislav en Bohême orientale.

Le meurtre de Philippe de Souabe le 12 juin 1208 conduit Otokar Ier à rejoindre à nouveau le camp d'Otton IV... Brièvement. Lorsque Innocent III et le prince Guelfe se brouillent en 1210 et que le pape excommunie Otton IV en 1211, Otokar Ier change encore de camp, définitivement cette fois : il devient partisan des Hohenstaufen, qui préconisent désormais l'élection de Frédéric de Hohenstaufen, le fils de Henri VI du Saint-Empire, comme roi allemand. Otton IV tente de le priver de la souveraineté sur la Bohême en faveur de son fils aîné Vratislav, qui la reçoit officiellement en fief à la Pentecôte 1212. En pratique, Otokar Ier est toujours roi et se voit même confirmé, le 26 septembre 1212, dans ses droits par la Bulle d'or de Sicile. Cet édit impérial promulgué à Bâle par Frédéric II (alors seulement roi de Sicile) reconnaît à Otokar et à ses descendants le titre de roi de Bohême, sans nécessiter l'aval de l'empereur. L'édit garantit aussi le titre de prince-électeur auxdits rois de Bohême et n'impose pour seule obligation que de procurer une escorte de trois cents hommes armés lors du voyage à Rome de tout empereur allant se faire couronner par le pape.

La royauté donne un statut exceptionnel à la Bohême dans l'Empire. Le roi de Bohême soutient désormais sans réserve Frédéric II. Otokar Ier participe à toutes les diètes importantes comme celle d'Eger en 1213, mais il fournit aussi des troupes. Cette aide inconditionnelle est récompensée le 26 août 1216 lorsque Frédéric II scelle un Privilège impérial confirmant le droit de succession au fils aîné d'Otokar par sa seconde union, Venceslas. Le margrave de Moravie Vladislav (le frère d'Otokar, sans descendance) reconnaît également cette disposition. Děpold III, prince de Bohême orientale (le cousin d'Ottokar) ne peut s'opposer à ce renforcement du pouvoir royal et ne joue plus aucun rôle actif après 1217.

Avec le margraviat de Moravie, le duché de Bohême forme le royaume héréditaire de Bohême-Moravie (Českomoravsko en tchèque, Böhmen-und-Mähren en allemand).

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L'art de l'imposition consiste à plumer l'oie
pour obtenir le plus possible de plumes
avant d'obtenir le moins possible de cris.
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