Cher journal,
Hélas, trois fois hélas, un des sbires dément de ma mère, ce triste sire d'Amaël, a retrouvé ma trace. J'ignore les consignes que ma mère lui donne : me protéger ou me pourrir la vie ? Je me demande même si Amaël a bien compris quel était son travail. Au vue de son incapacité à additionner deux et deux, j'ai un énorme doute. Au moins, je n'ai pas à craindre qu'il lise ce journal, il ne sait même pas lire !
Il recommence à m'asticoter et à vouloir me tester. En plus, impossible de s'en prendre à lui, ma mère enverrait quelqu'un de pire. Cette mauvaise nouvelle vient assombrir le retour triomphal de notre expédition :
- un potier exceptionnel a été récupéré par Numérius, qui nous est en plus redevable de l'avoir délivré du démon.
- j'ai obtenu la liste des lieux de cultes de Tanaris : les villages aux alentours de notre site. Bon, c'est pas une découverte, juste une confirmation utile. Mais comme ce n'est pas moi qui ait dû trimer pour récupérer cette liste, c'est quand même une bonne nouvelle.Heureusement que Numérius est bon copiste.
Nota Bene : penser à lui offrir un truc, les restes de l'instrument du troubadour peut être.
- une source de vis Mentem a été découverte. Médiocre certes, mais comme nous n'avons rien, un peu c'est déjà quelque chose.
Chasser le naturel, il revient au galop : nous nous disputons déjà pour savoir quoi faire de cette source. La sagesse l'emporte : le sujet est reporté jusqu'à ce que notre existence légale soit reconnue.
Nous avons reçu des nouvelles des mondains. Montbard n'a plus de seigneur, et les troubles se multiplient puisqu'il n'y a plus d'autorité légitime. La situation semble évoluer rapidement, et le devenir de la ville est fort incertain : ville franche, récupérée par un noble ou pire, par l'Eglise. Le Duc semble ne pas avoir pris de décision. Personne ne sait au fond ce qui se passe, et ma protégée, la fille du défunt seigneur est ignorée de tous. Cela ne me sied pas ! J'avais promis de la protéger ! Dès que notre alliance aura un véritable toit, j'irai la chercher. Il ne faudrait pas que les autres mages soient au courant de mon plan, ils ont déjà mal pris le coup du "chevalier fée", et ils m'interdiraient sûrement de délivrer cette pauvre gamine du triste sort qui l'attend : enfermée à vie dans un couvent !
Inquiet des rumeurs, j'accepte de participer à une visite de la ville. Cela ne s'est pas avéré très utile : deux bandes de brigands se disputent les bas-fonds, les bourgeois ont formé une milice, et les derniers représentants de l'autorité sont aux fraises. Les autres mages étant adeptes du principe "il-ne-faut-pas-interagir-avec-les-mondains" (que j'ai toujours compris comme "il-ne-faut-pas-se-faire-pincer-lorsqu'on-interagit-avec-les-mondains"), bien sûr, nous ne faisons rien. Quel dommage ! Pourquoi sortir alors ?
Du coup, par désoeuvrement et pour rentabiliser en quelque sorte la sortie, il est décidé de continuer l'enquête sur la disparition du Mercere à l'abbaye. Mes camarades, en plus d'être d'incorrigibles froussards, sont aussi doués pour parler aux gens qu'Amaël avec les chiffres, et ce n'est pas peu dire ! C'est donc encore moi qui me déguise en pèlerin débonnaire. Je questionne habilement les frères portiers sur la tenue du registre consignant les visites. Une mystérieuse annotation figure à côté de la mention du Pèlerin Rouge, la dernière trace qu'il a laissée ! (enfin, la dernière qu'on a trouvé, mais, cher journal, un peu de sensationnalisme ne fait jamais de mal). Après avoir fraterniser (c'est le cas de le dire) avec le portier, il m'apprend que ce curieux symbole est tout simplement l'abréviation pour les trois chevaliers surnommée "la Trinité". Comme ils voyagent souvent, une abréviation est plus simple qu'écrire leurs trois noms. L'ingéniosité des scribes ne connaît pas de limite !
Nota Bene : penser à trouver des abréviations pour mon journal : n° pour Numérus, + pour le flamby, et 0 pour le troubadour (ce que vaut sa musique).
Quel pas de géant dans notre enquête, ces guerriers étaient présents lors de la dernière visite du Pèlerin Rouge ! Ils savent sûrement quelque chose ! Après tout, la première fois où je les ai croisés, lors de notre arrivée dans la région, ils ont refusé de répondre à mes questions sur le disparu, au lieu de dire qu'ils ne savaient rien.
Cependant, comment obtenir d'eux une confession...
Une confession ! Bien sûr, tout s'éclaire ! je vais grâce à ma puissante magie me faire passer pour l'abbé afin de les questionner et leur tirer les vers du nez. Cela paraît risqué, mais je convins mes partenaires de l'utilité de la manoeuvre. Même Amaël peux être utile en me couvrant de loin avec son arc.
Je réussis à convaincre les trois hommes de participer à une entrevue discrète hors de l'abbaye, près du bois. Grâce à mon charisme et mon talent (Quel acteur !), le pot-aux-roses est enfin découvert ! La Trinité s'est rendu compte que le Pèlerin Rouge était un mage ou travaillait pour des mages. Hélas, l'Esprit Sain (ou plutôt le simple d'esprit) n'a pu se contenir, il est entré dans une rage folle et a proprement massacré le Mercere. Cette nouvelle me choqua profondément. Ma surprise, bien que passagère et masquée par mon formidable talent (Quel acteur !), est remarquée par le Fils. Le voyant sur le point de dégainer son arme, je préviens mes camarades cachés et charme l'Esprit Sain pour qu'il attaque ses compagnons. Après une escarmouche brève mais sanglante, le Fils est mort, tué par les flèches d'Amaël et la furie de l'Esprit Sain. Ce dernier, blessé, est placé dans un sommeil magique. Nous interrogeons le Père (qui au passage porte une relique sur lui : c'est pas bien de se promener avec des objets aussi dangereux !).
Nous apprenons enfin ce qu'il est advenu du corps : la Trinité l'a caché dans le puits béni de l'abbaye, qui est en fait un regio divin !
A regret, nous tuons le Père : aucune solution permettant notre sécurité et sa survie n'a été trouvée. Amaël, ce fou sanguinaire, insiste pour que j'achève l'Esprit Sain. Je m'exécute en le téléportant en hauteur : la chute l'achève sans le réveiller. Nous emportons le cadavre de ma victime après avoir déguisé la scène, pendant que n° vomissait dans son coin. Le pauvre, c'est trop pour lui. Le scénario retenu est simple : l'Esprit Sain, devenu fou de rage, a tué ses deux compagnons avant de s'enfuir. C'est basique, cher journal, et je le regrette un peu. Mais la réputation du simple d'esprit rend ce scénario fort crédible.
Je me venge d'Amaël en le faisant patauger dans le puits. Plusieurs plongée en apnée dans de l'eau bénite lui font le plus grand bien. Après de longues recherches, il trouve le cadavre du Pèlerin Rouge.
Mission accomplie !
Et n'oublions pas : Quel acteur !
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In blackest day or brightest night, watermelon, cantaloupe, yadda-e-yadda,erm..., superstitious and cowardly lot, with liberty and justice for all !