[S15] La chair et le sang

Copié de la gazette :

15e résumé :La chair (pourrie) et le sang (en grande quantité).

Pas de résumé, je me contente de donner une rapide trame... Il s'agit du scénario concernant le Mercenaire, qui avait émis le souhait de passer vétéran.
Pour l'idée, je voulais en faire une sorte de dernier survivant de sa compagnie, d'où son choix de servir un noble dans un contexte n'étant pas uniquement lié à la guerre.

Il appartenait à une compagnie baptisée les Reitern. Après la tempête du Chaos, elle est retournée à son "QG", à savoir la Tilée... Notre ami est lui resté dans l'Empire.



Tout commence quand une rumeur traverse la ville de Grenzsdadt. Une armée serait stationnée devant les portes. Les portes de la ville sont fermées à la hâte. Nos PJs, curieux (et flairant le scénario) se rendent sur place. Une délégation de soldats est entrée et se trouve en grrande discussion avec le guet. Notre ami mercenaire reconnait alors son ancienne compagnie. Apparemment, les Reitern ont été embauchés pour une mission au nord de l'Averland, non loin d'Averheim. La ville de Schweiss aurait autoproclamée son indépendance. La compagnie a été engagée par un cadet de famille des Leitdorf. Les mercenaires réclament juste le droit de faire une halte avant de reprendre sa route...

Après un tour dans les rangs, nos PJs apprennent plusieurs choses alarmantes :
- d'une part, la compagnie de mercenaire revient d'une débacle en Tilée. débacle au cours de laquelle leur capitaine a perdu la vie. C'est son fils, un jeune loup a moitié tiléen et surtout quasiement inexperimenté qui a repris le flambeau... La compagnie serait dissoute si ce contrat n'était pas tombé à point.
- d'autre part, au sujet du contrat, les garanties sont minces. Leur employeur semble prêt à payer rubis sur l'ongle plusieurs centaines d'homme pour une saison complète. Or, en Averland, le manque de fonds des Leitdorf n'est un secret pour personne : la totalité de leurs moyens servant à défendre leur position contre la famille Alptraum.
Le cocktail est explosif : une compagnie qui a soif de revanche, menée par un chef inexpérimenté avec un employeur à la solvabilité douteuse... Le tout dans une "guerre" contre des civils !
Les joueurs, avec l'accord du baron konrad, décident de se joindre à la compagnie, en tant que "guides et conseillers" pour éviter que la situation ne dégénère.

Le voyage confirme les craintes. Peu de discipline, beaucoup d'alcool et la promesse d'une victoire facile. Par chance, aucun incident n'éclatera sur le parcours. Arrivés à une trentaine de km d'Averheim, la compagnie fait halte. Leur destination se trouve plus à l'est mais l'Etat Major doit se rendre en Averheim pour y recevoir un briefing et une partie de la solde. Sur place, ils sont guidés, sans discrétion aucune, dans des quartiers sordides. Apparemment, l'Employeur, l'adipeux Gernar Leitdorf les reçoit dans une auberge tenant davantage de la maison close. Le discours est simple : pas de pitié tant qu'ils ne se rendent pas. Gernar donne une caissette au capitaine.

Avant de partir, nos PJs font un rapide tour en ville pour y collecter des rumeurs : Gernar est la honte de la famille, assez loin dans l'échelle de la famille et surtout dépensier et fauché notoire... Nos PJs suspectent un coup fourré. D'autant plus qu'employeur et capitaines ont l'air de bien s'entendre. Ils déduisent alors que le jeune capitaine n'a pas l'intention de payer ses hommes mais de s'enfuire avec une coquette somme et refaire sa vie quelque part... Enfin, ils apprennent aussi que la ville était déjà dans le domaine des Leitdorf et qu'elle est dirigée par le frère ainé de Gernar. D'après les rumeurs, il serait retenu prisonnier par les "révolutionnaires"...

Le lendemain soir, la compagnie arrive en vue de Schweiss, une ville fortifiée, dans une régions de côteaux ou pousse la vigne et traversée par une rivière... La compagnie se déploie et envoie quelques éclaireurs dans les vignes. La stupeur s'installe quand un des groupes ne revient pas... Un autre groupe, plus conséquent est envoyé dans cette zone. Cette fois, ce sont des détonations qui ne font entendre... La stupeur fait place à l'inquiétude. Les PJs ne sont guère surpris : les mercenaires sont partis la fleur au fusil et il est probable que la famille Alptraum ait subventionné la ville dans leur coup d'Etat. Le capitaine tergiverse, sa petite batterie de canons ne permettra pas de percer rapidemment les murailles... En temps normal, ça resterait le choix le plus judicieux mais le capitaine n'a semble-t-il pas l'intention de payer ses hommes, ni de perdre de temps pour éviter une mutinerie.

Le matin, une décision suicidaire est prise : l'assaut frontal. Une partie des hommes passera par l'est, l'autre par le nord, en empruntant la rivière. Nos PJs se portent volontaire pour cette voie-ci. C'est dangereux et ça arrange bien le capitaine qui trouve les joueurs encombrants et trop perspicaces...
Plusieurs barges sont subtilisées sur le cours d'eau. Le but de ce commando est d'entrer en ville, semer la panique en mettant le feu et aller ouvrir les portes... l'assaut est violent. Dans la ville, les tireurs embusqués mettent à mal les mercenaires arrivant par la rivière. Ils réussissent néanmoins à prendre pieds. Très vite, ils se désolidarisent des mercenaires et "interrogent" un des révolutionnaires pour savoir où est retenu Madred Leitdorf, le frère ainé. Profitant de la panique et après quelques combats, les joueurs arrivent jusqu'à la batisse. Ils libèrent Madred et lui expliquent la situation : visiblement, son frère cadet n'a pas l'intention de lui venir en aide, mais plutôt de s'en débarasser. Ils attendent alors que la ville soit prise, ce qui ne tarde pas. Lors du pillage et des viols qui s'ensuivent, portant toujours la livrée des Reitern, les PJs quittent le théâtre des hostilités et se rendent en Averheim.

Le lendemain, ils apprennent que Gernar a été retrouvé mort. Une des filles de joie qu'il affectionnait tant lui ayant fait un deuxième sourire.
Trois jours plus tard, plusieurs chevaliers (et leur suite) de la famille Alptraum libèrent la ville de Schweiss et la place sous "protection". Les mercenaires se livrait au pillage des environs depuis que leur capitaine avait mystérieusement disparu. Les mercenaires survivant furent alors fortement incités à retourner dans leur patrie d'origine...



Voilà.
C'est un peu confus mais je ne retrouve plus mes notes...

Quel talent ! Je n'ai pas honte de le dire, j'ai pleuré devant ce condensé d'émotions, ce prodigieux récit épique où les faits de misérables pouilleux sont transcendés par la verve magnifique d'un écrivain né. Une prouesse mythique !

Moi je dis, un tel manque de respect envers notre maitre bien aimé lui vaudrait bien quelques XP en moins! ^^

C'est si mal écrit que ça ?

Aucune trace d'ironie dans mes propos, bande de paranos !

Je soulignais juste l'immense talent de Jean Yves, qui lui permet de faire d'excellents scénarios malgrè le faible niveau de ses joueurs (quand je ne suis pas là, s'entend).

En mon absence, ça finit toujours dans le sang, bande de barbares !

Ah ok ^^. Il s'agit d'une boutade vis à vis des autres.
+1 donc.
Chuis toujours prêt à me moquer moi ^^.

Honte à moi !
Je l'ai joué ce scénario ! Je m'en souviens ! Arg ! J'avais oublié de faire le scénario... ô rage, ô désespoir, ô fatigue ennemie...

Euh, faire le résumé non ?

Heu, oui. Enfin, les deux hein ! Si je me souviens bien, niveau résolution du scénario, j'étais aussi bourrin que les autres... il y a un dieu pour les fous furieux !

Ulric, es-tu là ?

Bon, c'est honteux que personne n'ait fait de résumé. Alors je m'y colle. C'est surtout une mise en forme des notes de Jean-Yves, enrichies par mes souvenirs et... des références à un certain metteur en scène, mais pas celui dont s'est inspiré Jean-Yves.

Et Tarantino c'était déjà pris...

Bon, c'est moins bien écrit que les derniers résumés de Nicolas et de Pascal, mais ça répare une injustice.

Il n’y avait pas beaucoup de monde dans la taverne, à moins de compter les blattes. L’établissement était davantage réputé pour sa discrétion que pour sa propreté... ou même sa bière. Au-dehors, la chaleur écrasait les badauds. Ici, la pénombre n'apportait que peu de fraîcheur. Vêtus de lourdes mailles et d’une grossière toile noire, mes voisins de table auraient dû étouffer. Impassibles, ils affichaient une mine glaciale. Pas une goutte de sueur ne luisait sur leurs fronts blêmes. Leurs yeux froids me dévisageaient. Moi, je dégoulinais littéralement, comme une vieille chandelle. La température n’était pas seule en cause. La raison de ma présence ici n’arrangeait pas les choses.

Une fois de plus, je racontais aux deux répurgateurs ce qu’ils voulaient entendre. Les questions étaient toujours les mêmes. Les sujets ne changeaient jamais. Les sorciers non recensés dont j’aurais entendu parler. Les agissements éventuellement suspects de mon maître, Werner Kuhn. Les évènements étranges prouvant l’emprise croissante du chaos sur cette bourgade trop éloignée du regard de Sigmar... La routine. Juste de quoi acheter une nouvelle semaine de tranquillité. Jusqu’à la prochaine fois... Il était temps que mon maître me laisse partir pour Altdorf.

Une clameur venue de la rue me fit sursauter. Cette diversion était pourtant bienvenue. Je sautais sur l'occasion pour abréger la conversation. Bafouillant de vagues excuses, je m'esquivais. Mes deux hôtes me regardèrent partir sans réprimer leurs ricanements.

Malgré le soleil brûlant, je respirai mieux à l’extérieur. Les paysans crasseux qui paniquaient, je commençais à en avoir l’habitude. Après avoir posé quelques questions à droite et à gauche, je me dirigeai vers la porte sud. Une armée serait sortie de la passe du feu noir. Je ne pensais pas, pour ma part, qu’il s’agisse une nouvelle fois d’envahisseurs. Ou alors, il fallait remplacer les éclaireurs du baron Konrad par un télescope...

Poussé par la curiosité, j’arrivai tant bien que mal aux murailles. Je rejoignis mon camarade mercenaire, déjà sur les lieux. Comme d'habitude, j'avais oublié son prénom... J'allais l'appeler l'homme sans nom !

Les portes de la ville avaient été fermées à la hâte, déplaçant des nuages de poussière. Le guet se demandait que faire. Vue des remparts, l’armée en question ressemblait surtout à des soldats revenant de la guerre... sales, déguenillés et pas toujours en un seul morceau. Une délégation demandait à entrer. Nous arrivâmes à nous immiscer dans le comité d’accueil.

En fait, il s’agissait de l’ancienne compagnie de l'homme sans nom ! Les Reitern avaient été embauchés par un cadet de famille des Leitdorf pour reprendre la ville de Schweiss, qui venait de proclamer son indépendance. Profitant de l’absence de Comte électeur en Averland, Schweiss voulait devenir une cité franche, comme Streissen. Bref, la compagnie demandait juste à faire halte et à s’approvisionner, avant de repartir vers le nord. Il valait mieux cela que la laisser marauder...

Je ne pouvais cacher ma fascination. Mon grand-père, né Flavio Lancia, avait été mercenaire pendant sa jeunesse. Sa compagnie, la Tortuga Rossa, était réputée pour ses boucliers solides et ses piques acérées. Il avait quitté ses compagnons après avoir épousé ma grand-mère, averlandaise de souche. Lancia était devenu Lanze. En voyant ces soldats, je me souvenais des soirées passées avec mon grand-père, à évoquer ses exploits... et ses forfaits. Il avait un dicton : « J'agis toujours dans les règles, je finis toujours le travail pour lequel on me paie ».

L'homme sans nom, quant à lui, semblait soucieux. Enfin, autant que j’en puisse juger, le bougre n’était pas très démonstratif... lui non plus. Il faudrait que j’apprenne le truc. Après avoir discuté avec certains de ses anciens compagnons, il m’expliqua que les Reitern avaient subit une débâcle en Tilée. Leur capitaine y avait laissé la vie. Son fils lui avait succédé... une espèce de chien fou, à moitié tiléen, aussi arrogant qu’inexpérimenté. En fait, sans ce contrat providentiel, la compagnie se serait dissoute.

Cela commençait à sentir les ennuis. Et ce n’était pas tout. Tous les marchands et banquiers d’Averland le savaient : les Leitdorf avaient à peine de quoi financer leurs manoeuvres perpétuelles contre la famille Alptraum. Les deux maisons se disputaient le Comté depuis longtemps. Voir un Leitdorf, même pas le chef de la famille, s’engager ainsi dans une opération aussi coûteuse qu’aventureuse... Avait-il vraiment l’intention de payer les mercenaires ?

Une histoire de mon grand-père me revint en mémoire. Un employeur de la Tortuga Rossa avait omis de régler une partie de la solde... Une heure plus tard, il était empalé sur une pique. Rien de personnel. Mon grand-père expliquait en ricanant : « C’est juste que le compte n’y était pas ».

Nous décidâmes de prévenir le baron. Konrad partagea notre inquiétude. L’affaire pouvait facilement dégénérer et mettre la province à feu et à sang. Il faudrait surveiller ces mercenaires pouilleux de près. L'homme sans nom proposa de rejoindre son ancienne compagnie pour un temps. Certains membres de la suite du baron pouvaient l’accompagner, sous quelque prétexte - servir de guide à la compagnie, etc. J’insistai pour en être ! La nostalgie vous joue parfois de drôles de tours.

Notre périple fut... pittoresque. Et calme, heureusement. Sous un soleil de plomb, les soldats étanchaient leur soif avec du mauvais alcool. Les visages tannés et mal rasé, les uniformes plus que fatigués... les odeurs corporelles par contre tenaces... ils faisaient plutôt piètre figure. Vantards et chicaneurs, les Reitern s’attendaient à une victoire facile. Werner, mon maître, m’avait indulqué une tout autre vision de la discipline...

La compagnie devait faire étape à Averheim pour y recevoir ses dernières instructions ainsi qu’un premier versement. A ma grande consternation, nous avions rendez-vous dans des bas-fonds sordides. Je traversai les ruelles étroites et fangeuses en essayant d’éviter les ordures que les habitants jetaient par leurs fenêtres. Des brutes pathibulaires nous regardaient passer avec regret : difficile d’attaquer toute une armée...

Gernar Leitdorf avait dressé son quartier général dans une auberge borgne. Sans doute une maison close, au vu de la familiarité des hôtesses. Pour cacher les fissures des murs, des tapisseries miteuses puant la sueur étaient disposées un peu partout. Des taches suspectes rendaient leurs motifs difficiles à discerner. Gernar trônait au milieu, vautré sur un divan pourpre. Obèse et mielleux, l'aristocrate ne m’inspira guère confiance. Mon grand-père avait coutume de dire : « Je n'ai aucune confiance en quelqu'un qui porte à la fois une ceinture et des bretelles... en quelqu'un qui doute de son pantalon ! ».

Ses recommandations se révélèrent fort simples : ne montrer aucune pitié tant que les rebelles ne se rendaient pas. Un bain de sang était à prévoir. Trop tard pour les regrets... Gernar et le capitaine s’entendaient comme larrons en foire. Finalement, un coffret changea de main.

Nous avions l’après-midi devant nous. Plutôt que de le perdre à vider sa ou ses bourse(s)... nous avons cherché à nous renseigner sur notre employeur. Nous apprîmes vite que Gernar Leitdorf était... le mouton noir d’une famille déjà pas très recommandable. Bien sûr, il était issu d’une branche cadette sans grand pouvoir ni ressources importantes. Sa réputation ? Débauché et fauché comme les blés !

Avant son émancipation, Schweiss était bien un fief de la famille Leitdorf. Un fief du frère aîné de Gernar, Madred Leitdorf, pour être exact. Celui-ci serait actuellement détenu par les rebelles... Nos soupçons prenaient forme. Au vu de la complicité évidente entre Gernar et le capitaine... et si le but de la manœuvre était d’éliminer Madred ? Le capitaine serait juste payé pour le meurtre et pourrait s’enfuir avec la solde, abandonnant ses soldats. Gernar devait avoir assez de fonds pour payer un seul homme. Après le passage des mercenaires, Schweiss serait une cible facile... Peut-être Gernar travaillait-il en secret pour les Alptraum ?

Mon cerveau échafaudait les intrigues les plus invraisemblables. Quoiqu'il en soit, l’issue approchait...

Le lendemain, la compagnie traversa une régions de côteaux avant d’arriver en vue de Schweiss. Le petit port fluvial semblait plus fortifié que prévu. Les Reitern se déployèrent en vue de la bataille. Des petits groupes d’éclaireurs furent envoyés en reconnaissance... L’un d’eux ne revint pas. Les mercenaires semblèrent surpris. L'homme sans nom ne laissa rien paraître, mais je savais qu'il s'attendait au pire.

Le capitaine dépêcha des renforts. D’après les détonations, ils furent accueillis par des arquebuses. La famille Alptraum avait peut-être armé les insurgés ?

Contrainte par une résistance inattendue – c’est peu de le dire - la compagnie se réorganisa. Pendant un temps, les vieux réflexes semblèrent reprendre le dessus. Un siège en bonne et due forme se mit en place ! La petite batterie de canons des Reitern commença son pilonnage. Néanmoins, à la nuit tombée, les murailles tenaient toujours. Le capitaine se montrait de plus en plus impatient. Après maintes tergiversations, une décision fut prise à l’aube. Au lieu d’attendre que l’artillerie ait fait son office.. la compagnie allait tenter un assaut frontal ! Une partie des hommes attaquerait par l’est. Les autres passeraient par le fleuve, au nord, pour bouter le feu et semer la panique.

Menés par l'homme sans nom, mes amis se portèrent volontaires pour le second groupe. Cette voie paraîssait plus sûre. Et il fallait bien pénétrer dans l’enceinte de la ville pour comprendre ce qui s’y passait. A cet instant, pris par l’ivresse des combats ou je ne sais quelle fièvre imbécile... je me refusai de rester en arrière ! Le sourire narquois du capitaine laissait deviner sa satisfaction : nous étions devenus gênants... mais nous courrions de nous-mêmes au-devant d’une mort certaine.

Après nous être emparés de plusieurs barges, nous nous approchâmes plus ou moins discrètement du port. Des tireurs embusqués nous attendaient. Au milieu des cris et des détonations, je mis pied à terre. Ulric devait être avec moi. Je courrai et sautai en invoquant la magie la plus puissante dont j’étais capable... Je ne perdai pas de temps à peaufiner mes sortilèges. Je manipulai les vents à la hâte et balançai des fléchettes magiques sur tout ce qui bougeait. Mon grand-père me l’avait répété assez souvent : « Quand on tue, on raconte pas sa vie ! ».

Je ne voyais pas forcément grand-chose. Le soleil s’était levé mais la fumée envahissait tout le quartier. Une poignée de Reiterns avait réussi à mettre le feu à plusieurs bâtiments. Je crois que j'avais été blessé. Soudain, je me retrouvais face-à-face avec un jeune insurgé. Le temps s'arrêta. Je savais pourtant qu'il n'existe pas de magie assez puissante pour cela... L'adolescent avait des yeux verts et limpides, au milieu d'un visage noirci par la crasse et la poudre. Nous sommes restés là, à nous dévisager. Au loin, j'entendais de la musique... un air aigrelet et saugrenu, un harmonica peut-être... Il tenait un fusil, pointé vers la gauche. Le temps reprit son cours lorsque le canon de l'arme commença à bouger. Un dernier mot franchit mes lèvres ensanglantées. Une flèche jaillit de mes doigts, bientôt suivit d'une autre. Le visage de l'inconnu explosa.

Je recommençai à courir, sans réfléchir. Je ne sais trop comment, je me suis retrouvé à couvert. Par miracle, mes amis n’étaient pas loin. Nous avons rapidement enlevé nos uniformes. Je roulai le mien dans ma sacoche. Puis, nous avons faussé compagnie aux mercenaires. Un habitant blessé accepta, sous l'amicale pression de l'homme sans nom, de nous indiquer la demeure de Madred Leitdorf... Notre chemin fut taillé dans la chair et le sang.

Usant d’un subterfuge, nous sommes entrés dans le manoir. Comme le disait mon grand-père : « Le monde se divise en 2 catégories... Ceux qui entrent par la porte et ceux qui entrent par la fenêtre ». Après avoir libéré le frère de Gernar et lui avoir expliqué la situation, nous nous sommes cachés. L'attente fut pénible. Une fois la ville prise, nous avons ressorti nos livrées. Nous avons quitté Schweiss en traînant derrière nous un soit-disant prisonnier... Les Reitern, très occupés à piller et à violer, ne firent guère attention à nous.

Lorsque la ville fut hors de vue, nous avons jeté nos uniformes - définitivement cette fois - et galopé vers Averheim.

Nous étions en vie et avions gagné un allié. Celui-ci se montrerait-il plus fiable que son cadet ? En tout cas, les Leitdorf étaient des ennemis impitoyables. Gernar fut retrouvé le lendemain de notre retour à Averheim, égorgé par une de ses filles de joie.

Les Reitern ravageaient les environs de Schweiss depuis la mystérieuse disparition de leur capitaine, le jour de l'attaque... Trois jours plus tard, des chevaliers affiliés à la famille Alptraum libérèrent la ville. Schweiss avait de nouveaux maîtres.

La compagnie des Reitern n'existait plus. Les rares survivants avaient sans doute regagné la Tilée. L'homme sans nom était sans doute le dernier à rester dans l'Empire. Un vétéran.

A l'heure où j'écris ces lignes, un autre aphorisme de mon grand-père me revient tout-à-coup : « Le monde se divise en deux catégories ! Ceux qui ont une arquebuse chargée et ceux qui creusent... ». J'avoue que, celui-là, je n'ai jamais très bien compris ce qu'il voulait dire. Une allégorie sur le mercenariat et un honnête travail ?


Julius Lanze

Merci ^^.
Un réalisateur que j'aime beaucoup là par contre. Pas de chichi au moins.

Tax Collector a écrit:

Bon, c'est honteux que personne n'ait fait de résumé.

Il me semble aussi.

Désolééééé. C'était à moi de le faire, il me semble même m'être engagé après la séance... Et je sais que défier l'homme sans nom, ça ne se fait pas.

Le chasseur de primes : "Tu sais que tu as la tête d'un mec qui vaut 200 couronnes ?"
L'homme sans nom : "Oui, mais toi tu n'as pas la tête de celui qui les encaissera."

Au passage, si vous avez des idées pour rendre ce résumé plus... Sergio Leone, n'hésitez pas.

Tax Collector a écrit:

Au passage, si vous avez des idées pour rendre ce résumé plus... Sergio Leone, n'hésitez pas.

Dans l'ordre:
- De la crasse. Il faut sentir que tout est vil, moche et sale. La seule référence littéraire que j'ai à l'esprit sur le moment c'est "Le Noeud de Vipères", mais c'est un récit à la première personne.
- Du silence dans les moments de tension. Je ne vois pas comment faire...peut-être en rendant le récit moins dynamique? Peut-être en ajoutant des descriptions à la con?
- Pas de happy end.


Sinon, pour le réalisme sans ostentation il y a Schoendoerfer: "La 317ème Section", "L'Honneur d'un Capitaine", etc.
C'est glauque et comme pour le café: c'est pas la peine d'en rajouter.

Pour le tragicomique il y a "Payback" ou "Snatch".

Après c'est une question de montage.

Ouais, ça manque de crasse, c'est vrai. En fait, la séance d'introduction était plus ou moins sensée être du Sergio Leone, genre gros plan sur le visage des répurgateurs, etc. Le reste est trop clean. Je vais voir si peux rajouter quelque chose - mais le résumé est déjà long.

En même temps, les films de Sergio Leone n'avaient pas tendance à être court !

Par contre, j'suis pas d'accord pour la happy end. "Et pour quelques dollars de plus" finit vachement bien, je trouve.

Vachement bien?
C'est un point de vue.

Sinon, je suis d'accord.

Ben, à la fin, le chasseur de primes est riche !

On a dit "bien" pas "moral" hein.

"C'est juste que... le compte n'y était pas..."

Voilà d'où vient la vocation de mon frère pour le contrôle fiscal. Il rêve depuis toujours de placer cette réplique !

Bon, j'ai fait quelques modifications en regardant M6 - les desperate housewifes n'aidaient guère à me mettre dans l'ambiance, mais bon !

J'ai essayé de mettre un duel interminable à la fin...

Très bon, le passage du duel, qui fait véritablement penser à un "moment volé" au ralenti au coeur de la bataille.

La prochaine fois, c'est moi qui fait le résumé, façon "Terence Hill et Bud Spencer" !!!!

Génial !

Arg ^^.